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Les Parties Publiques
2 juin 2006

Obscurantisme et Informations

minatech1    Epuisé par cette semaine difficile, je me suis dis que j’allais me changer les idées quand malheureusement, je fus ramener à la réalité par Minatech. Hé oui, demain c’est son inauguration. De Villepin et toute sa clique vont être sur Grenoble pour le baptême du temple de la dérive des sciences. Les Verts Isère ont donc pour l’occasion organisé un débat à la MDA (Maison Des Associations) ce soir afin de parler de Minatech. Je vous préviens tout de suite, je ne suis pas Vert mais ma maudite conscience citoyenne m’a fait y aller.
J’aurais dû m’abstenir, PMO (Pièces et Mains d’œuvre) et OGN (Opposition grenobloise aux Nécrotechnologies) sont venues tout simplement pour insulter les Verts et empêcher les intervenants de parler du sujet pour lequel ils avaient fait le déplacement.
    Je peux dire aujourd’hui que j’ai pris conscience de la poussée de l’extrémisme politique. On s’attarde trop souvent sur le FN, quand nous parlons d’extrémisme. Mais il y a un extrémisme de gauche aussi, caché derrière les belles idées alter-mondialiste et écolos. En gros, PMO et OGN reprochent aux Verts, d’avoir voté le projet au Conseil Général et de maintenant se battre contre Minatech sans être assez radical, car les Verts, en effet, n’en demandent pas la fermeture. Ces remarques sont légitimes, mais ils se sont expliqués sur ce vote, à l’époque où le projet était voté, il n’avait pas l’expérience pour s’opposer à Minatech, et seulement deux élus sur les quatre ont voté le projet. Ils n’ont d’ailleurs plus jamais voté pour Minatech et la poursuite de ce projet. Ce qui me dérange dans les attaques de PMO et OGN, c’est qu’ils ne prennent pas en considération l’erreur humaine. Nos élu-E-s, qu’ils soient Verts, PS ou encore UMP, peuvent faire des erreurs, et il faut accorder aux Verts le courage et l’honnêteté politique de prendre en compte leurs erreurs, de les reconnaître et de changer d’opinion. De plus, s’ils n’en demandent pas la fermeture, c’est parce qu’ils acceptent le fait que nous ayons besoin de faire de la recherche dans le domaine du « tout petit », mais pas à n’importe quel prix, ce n’est donc pas la fermeture qu’ils veulent mais une transparence sur les recherches effectuées à l’intérieure de Minatech et surtout qu’un comité éthique soit mis en place afin d’éviter toutes dérives et abus par les nanotechnologies.
    Mais ce qui fut encore plus choquant de la part de PMO et de OGN, c’est l’obscurantisme face à la science. En effet, pour eux, les sciences et la recherche sont là pour nous posséder, les sciences humaines et sociales étudient nos comportements, c’est pour mieux nous contrôler, les nanotechnologies veulent nous pucer (c’est-à-dire nous implanter des puces électroniques), c’est pour mieux connaître nos faits et gestes etc… Ils veulent donc que Minatech ferme, mais aussi que soient interdites toutes recherches sur le vivant. Malheureusement, si nous suivons cette logique, aujourd’hui nous ne pourrions jamais soigner une simple grippe.
    Ce qu’il faut reprocher à mon avis, ce n’est pas la recherche dans les nanotechnologies mais surtout que ce projet sera semi-privé. Là, il y a de quoi s’inquiéter, car les dérives des entreprises privés sont à redouter, surtout quand on sait comment elles brevètent le vivant et comment elles font commerce avec ça. De plus, le projet n’a pas était soumis à une consultation citoyenne. Mais tout cela, si vous suivez mon raisonnement, vous conviendrez avec moi que cela ne dépend pas de la science en tant que telle, mais du politique et des institutions. Minatech nous prouve une fois de plus que le citoyen ne décide plus et que notre Véme République et périmée ! Il faut un plus grand contrôle citoyen des institutions et des décisions qu’elles prennent, mais il ne faut pas refuser la recherche, car elle est source de malheur autant que de bonheur et nous ne pouvons pas nier notre humanité au point de ne plus faire de recherche sur ce qui nous questionne profondément.
    Moi aussi je redoute les dérives de la science. Quand l’argent possède la recherche, celle-ci prend un chemin dangereux, nous en avons des exemples précis, comme les OGM ou encore le nucléaire.
Mais je ne suis pas opposé à la recherche, l’être humain à toujours chercher à connaître ses possibilités, il veut savoir d’où il vient et jusqu’où il peut aller. Notre nature humaine nous pousse vers la connaissance et je vis les idées de PMO et OGN comme une interdiction de connaissance. Ils touchent à mon avis, à une liberté fondamentale. De plus, il nous est possible de faire une recherche qui ne soit pas la victime des dérives du capitalisme, mais pour cela il faut laisser plus de place aux citoyens et permettre un vraie contrôle des recherches par un comité éthique et citoyen. Finalement, leurs attaques m’ont fait changer d’avis, je ne voulais pas adhérer chez les Verts, je voulais rester dans l’associatif, même si celui-ci était très politisé, maintenant, je sais que je vais prendre ma carte dans ce parti. Je ne veux pas laisser la place à l’extrémisme, qu’il soit de gauche ou de droite, il est le même.


    Ce qui m’a beaucoup effrayé ce soir, c’est la façon qu’avaient PMO et OGN de parler de Minatech, pour eux, c’est une « boîte de pandore ». Cette expression est revenu une multitude de fois dans leur bouche. Pour le philosophe (de formation) que je suis, c’est très explicite, ça montre un retour marquant aux superstitions et à la peur de l’inconnu. « La boîte de pandore » est un mythe, c’était plus qu’une métaphore dans leur discours, c’était un argument qu’ils pensaient raisonnable, mais cela n’est point, ils ne se rendent même pas compte qu’ils sont dans la demi-mesure, ils n’ont même pas le recule de voir qu’ils sont dans la peur. La pire des peurs en plus, puisque c’est celle de l’inconnu, ce refus d’aller là où nous ne sommes jamais allés. Je redoute cette superstition, car elle est signe d’une fin de société. Quand la raison abandonne les esprits et que la démagogie prend sa place, on ne peut qu’appréhender le malheur qui gangrène notre société.
    PMO et OGN se trompent donc de bataille, enfermés dans leurs peurs, ils ne voient pas que l’enjeux est politique. Si je devais analyser cela philosophiquement, je dirai que le premier problème est l’illusion que les hommes politiques ont de notre contrat social, pour eux, il existe toujours mais c’est faux, il n’est plus là, ce qui nous lies tous ensemble et nous fait faire société n’est plus. Comme me disait Bruno ce soir, et je suis tout à fait d’accord avec lui, nous vivons sur une constitution qui a été voté en 1958. Cela signifie qu’aujourd’hui, la majorité des français-E-s vivent sur une constitution qu’ils n’ont pas voté et où ils n’ont même pas eu leur mot à dire pour la construire. Le fond du problème est donc là, nous faisons société sur un texte dépassé et qui ne correspond plus aux attentes des individus. Les citoyens ont d’ailleurs perdus cette relation à la société, puisqu’ils ne sont plus acteur du « vouloir-vivre ensemble » mais simplement des individus passif qui votent quand on leur demande. A cela s’ajoute beaucoup d’autre remarque, mais j’aurais la modestie de vous demandez de lire A. de Tocqueville et sa Démocratie en Amérique, car il explique avec beaucoup plus de génie que moi, les dérives de notre démocratie et l’égoïsme moralement légitimé dans la notion d’individualité.

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