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Les Parties Publiques
28 décembre 2006

Le morceau de papier...

Grasse. Chambre d'ami dans l'appartement de mes parents. Je me sens seul. Grenoble me manque, je crois que je ne pourrais jamais me désintoxiquer de cette ville. Je l'aime trop. Pourtant j'ai envie d'en partir. D'aller voir ailleurs si le ciel est aussi bleu (ou devrais-je dire gris ?!) qu'à Grenoble. Une chose est sûr, je ne reviendrais jamais vivre à Grasse.

Grasse, la ville où vient se mourir la vieillesse embourgeoisée, Grasse, la ville où la jeunesse crève au fur et à mesure que les vieux s'y installent. Loin de moi un discours anti-vieux, j'éprouve beaucoup de colère pour la façon dont nous traitons notre vieillesse en France. Mais Grasse est une ville où l'on préfère le silence de la vieillesse à la jeunesse assourdissante. Parfois, il vaut mieux laisser la jeunesse hurler plutôt que de la parquer dans des caveaux en béton. Quelques paroles de « la jongle des javas » me viennent en tête... « Et puis y'a une autre jeunesse, sans age, sans décors autres que les rêves... »; « Ce sont nos voix qui se font murmures des contours de notre vieillesse... ».

J'étouffe à Grasse... Mais à Grenoble, je n'ai plus d'endroit pour vivre, certes j'ai encore sur les bras mon appartement, mais il est occupé par le Petit Prince et son frère. En parlant de lui, je ne sais pas pourquoi, il ne cesse les coups bas, ou du moins des gestes qui sont à la longue vraiment déplacés. Il m'a souhaité Paix et Amour pour Noël, j'ai répondu d'un message idem au sien. Pas envie de me disputer le jour de Noël avec lui. Alors que nous sommes en pleine guerre froide et que quelques jours auparavant il m'avait envoyé un sms si vile et mesquin que je n'ai pas envie de le retranscrire ici. J'ai l'impression qu'il joue, on m'avait dit qu'il aimait torturer les gens, je voulais pas y croire. De toute façon, je suis resté calme et j'ai répondu à sa politesse par une autre politesse afin de ne pas rentrer dans son jeu. J'avais déjà bien assez de mes parents. Mon beau-père et ma mère ont fini le réveillon par une magnifique dispute, au moins j'étais pas dans l'histoire pour une fois. D'habitude c'est moi qui m'en prend plein la gueule par mon beau-père.

Depuis que je suis chez eux, je n'arrête pas de dormir, je passe mes nuits à veiller et mes journées les yeux fermés, sorte de repos... sorte d'effacement aussi. Faut que je me motive, que je sorte un peu, que j'aille sur Nice, voir du monde, voir de la ville, ça me fera du bien. Faudra bien que je m'habitue, car si je règle pas ma situation au plus vite à Grenoble, c'est chez eux que je risque de retourner vivre. Cela ne m'enchante pas du tout... Mais j'ai envisagé toutes les possibilités et j'ai parfois l'impression que c'est la seule solution pour régler mes problèmes de fric et de logement.

Cette nuit en rangeant la chambre, j'ai trouvé un morceau de papier... « Un grand merci de t'être inséré dans ma vie, ici ou ailleurs tu es dans mon coeur. Tu resteras dans mes nuits étoilées, pour une vie... » LE KAPORAL. Je ne sais toujours pas quoi en dire, on m'a rarement dit des choses plus belles que ce qu'il m'a écrit. Il a laissé son adresse aussi. Comme pour me dire de lui écrire si je pars définitivement chez mes vieux. J'écris jamais, la Manouche le sais bien... Merci L. pour ton mot, je l'ai regardé toute la nuit avec beaucoup d'affection, ce regard que je te porte et dont tu me demandes tout le temps pourquoi je te regarde ainsi, c'est rien, juste de l'affection, comme quand le soir je te prends dans mes bras et que ça t'énerve car tu n'aimes pas être enlacé. Tu préfère enlacer, car tu as l'impression de ne pas être en position de faiblesse... Moi je l'aime ta faiblesse.

Photo001

Je suis trop à bout pour l'aimer lui, ou en aimer un autre... C'est pareil. Je suis à souffle court, je sais même pas par quoi je dois commencer pour régler ma vie, j'ai l'impression d'avoir tout raté, d'en être un... J'ai raté Science-po à un point, me suis retrouvé pour leurs Masters en liste d'attente, tout ce que j'ai toujours voulu, je l'ai raté, je n'arrive toujours pas à m'en remettre, comme je n'arrive toujours pas à me remettre de l'échec de mon histoire avec Lucas. C'est drôle comme on peut tout raté dans une vie.

En 2002, quand j'ai tout quitté pour Grenoble, je pensais que je finirai au sommet, j'étais imbu de ma personne au point de croire que j'avais réussi à fuir ma caste, ma maudite condition de fils d'ouvrier. 4 ans plus tard, je me retrouve dans une chambre horrible chez mes vieux comme si je n'avais rien fais pendant ces quatre maudites années ! Comme si finalement quand tu veux dire merde à la vie parce qu'elle t'a rien donné au départ, elle te foutait une claque pour ne pas la remercier plus amplement. Je ne serai jamais satisfait, je le sais, et je continuerais à m'en prendre plein la gueule. Certain diront c'est le destin, je vais finir par les croire... Tout ce que j'ai fuit, pendant longtemps, me rattrape. Plus je m'éloigne et plus je suis forcé d'abdiquer et de revenir au point de départ... Serait-ce cela la vie ? Un état de frustration perpétuel ?

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Commentaires
C
merci<br /> <br /> C'est touchant de voir au travers de vos mots, vos émotions, un peu des nôtres... On s'est peut-être croisé dans ces lieux qui faisait vivre Grenoble, en tout cas votre écriture m'a touchée...<br /> J'espère que tout va bien pour vous.<br /> De notre côté, on sort notre deuxième album, et Juliette a posé l'accordéon pour les pinceaux, nous n'avons toujours comme décor que celui de nos rêves, j'espère que vous aussi.<br /> Venez nous rendre visite, en vrai ou en viruel<br /> www.myspace.com/lajongledesjavas<br /> Ca me ferait plaisir<br /> C
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